• Jirō Taniguchi, ou la poésie du quotidien

    "En quarante ans de travail s'est tissé un univers qui a pris racine à l'époque de L'homme qui marche et Au temps de Botchan. Je me suis rendu compte alors qu'il était possible de présenter la vie quotidienne dans toute sa simplicité ainsi que des sentiments très délicats. J'ai également développé tout un travail autour de la famille", expliquait le mangaka Jirō Taniguchi en janvier 2015.

    Quartier lointain (1998-1999)

    Revisiter son passé pour mieux comprendre son histoire, ses parents et se réconcilier avec soi, c'est ce que parvient à faire avec un immense talent narratif et des dessins d'une qualité rare Taniguchi dans des œuvres telles que L'Homme qui marche (1991), Le journal de mon père (1994) ou encore Quartier lointain (1998-1999).

    Ses superbes dessins parviennent aussi bien à rendre compte de la beauté et de la sensualité de la nature que de la vie dans la ville, ainsi dans L'Homme qui marche, ouvrage qui prend le temps de suivre un homme qui se promène dans sa ville avec son chien et qui montre un Japon loin des stéréotypes habituels.

    Jirō Taniguchi, L'Homme qui marche, 1992

    Jirō Taniguchi, L'Homme qui marche, 1992

     

     

    Les émotions qui meuvent ses personnages, à la fois uniques et universelles, sont rendues avec une sobriété touchante. Par exemple dans Le journal de mon père, le héros retrouve grâce aux récits des autres qui était son père qu'il a fui toute sa vie d'adulte et qui vient de mourir.

    Jirō Taniguchi,  Le journal de mon père, 1994

     

     

     

     

    Jirō Taniguchi, Le Journal de mon père, 1994

     

     

     

     

     

    Cela permet à Taniguchi de construire un récit circulaire où la scène inaugurale clôt l'histoire, comprise et enrichie de tous les récits qui ont permis au héros de revivre son passé et de l'apaiser.   Jirō Taniguchi, Le Journal de mon père, 1994De la même manière raffinée et riche d'humour, de constats doux-amers et de sensations d'une rare sensualité, Quartier lointain met en scène un homme de quarante-huit ans qui se retrouve dans la peau de l'adolescent de quatorze ans qu'il était. Ce voyage dans le temps lui permet de comprendre pourquoi son père est parti quand il était adolescent, mais aussi, quand il court, de redécouvrir avec un plaisir infini les sensations d'un corps jeune et plein de vigueur. Sans compter, que connaître l'avenir a quelques avantages, comme celui de savoir où son ami cachait son alcool !

    Jirō Taniguchi, Quartier lointain, 1998-1999

    Si l'essentiel de ses livres sont évidemment en noir et blanc, ses quelques planches en couleur sont d'une très grande finesse.

    Jirō Taniguchi, L'Homme qui marche, 1991

    Pour mieux connaître les spécificités de l’œuvre de cet immense auteur japonais, le site de BD Angoulême propose une intéressante vidéo où l'on peut voir le documentaire Dans les pas de Jirô Taniguchi, l’homme qui marche de Nicolas Finet et Nicolas Albert. Il a été réalisé en 2014 et propose à la fois des interviews de Taniguchi et des analyses d'auteurs comme François Schuiten, Benoît Peeters ou Baru.

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