Le festival de Cannes commence sa 68e édition. Depuis 1946, quels films marquants ont été primés ?

Si comme tout festival celui de Cannes a parfois couronné des films vite oubliables, ainsi Le Knack ou comment l’avoir de Richard Lester en 1965, est souvent passé à côté de films remarquables, tels Les 400 coups de François Truffaut réalisé en 1959 qui n'a reçu que le prix de la mise en scène ou La Maman et la Putain de Jean Eustache réalisé en 1973 qui n'a eu que le grand prix du festival de Cannes, il en est d'autres qui sont des chefs d’œuvre à voir et à revoir sans fin. Et quoi qu'il en soit chaque film primé reflète son époque comme l'explique fort bien le rédacteur en chef de slate.fr dans son article "J'ai vu toutes les Palmes d'or de Cannes".

Petit florilège forcément subjectif dans lequel chaque lien conduit à une critique détaillée des films :

• Rome, ville ouverte, film italien de Roberto Rossellini, palme 1946, est un film racontant la fin de la guerre en Italie, la résistance, et qui crée un nouveau genre : le néoréalisme, sublimé par la force d'Anna Magnani.

• Le Troisième homme, film britannique de Carol Reed, palme 1949, est un film de suspense qui raconte la perte d'une amitié dans une Vienne séparée en zones russe, américaine, anglaise et française, avec Joseph Cotten et Orson Welles impériaux.

• La Dolce vita, film italien de Frederico Fellini, palme 1960, est un drame racontant l'errance d'un journaliste (Marcello Mastroianni) lassé de tout, même de femmes aussi splendides qu'Anita Ekberg ou Anouk Aimée. "Le cinéma le plus pur, le plus audacieux, y est au service d’une des visions les plus profondes, les plus originales de ce temps", écrivait le critique René Cortade en 1960.

• Le Guépard, film italien de Luschino Visconti, palme 1963, est un drame historique racontant le combat des Républicains en 1860 et l'unification de l'italie, sans oublier une histoire d'amour. Avec trois superbes acteurs : Burt Lancaster, Alain Delon et Claudia Cardinale.

• Le Messager, film anglais de Joseph Losey, palme 1971, est un drame historique racontant l'histoire d'un garçon modeste qui découvre l'aristocratie. Avec Julie Chistie.

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• Taxi driver, film américain de Martin Scorsese, palme 1976, est un drame furieux racontant le retour impossible d'un vétéran du Vietnam à New-York. Avec Robert De Niro en bombe à retardement, Cybill Shepherd...

• Apocalypse now, film américain de Francis Ford Coppola, palme 1979, est un film de guerre se déroulant dans un Vietnam infernal. Avec Martin Sheen hypnotisé et Marlon Brando hallucinant. "Une beauté étrange, une violence choquante, un mysticisme inexplicable", conclut un critique.

• Kagemusha, l'Ombre du guerrier, film japonais de Akira Kurosawa, palme 1980, est un drame historique se déroulant dans un Japon médiéval violent et splendide. Il raconte l'histoire d'un voleur de basse condition qu'un seigneur médiéval, dont il est le sosie, engage comme double appelé à le remplacer après sa mort pour tromper l'ennemi.

• Yol, la permission, film turc de Yılmaz Güney, palme 1982, est un drame racontant racontant l'histoire de cinq prisonniers turcs. Ils bénéficient d'une permission pour rejoindre leurs familles. Dans un pays répressif soumis aux coutumes archaïques, cette liberté éphémère n'engendrera que le drame.

• Paris, Texas, film allemand de Wim Wenders, palme 1984, est un road movie dramatique dans lequel un homme après quatre années de disparition tente de retrouver sa femme et son fils. Avec Harry Dean Stanton et Nastassja Kinski, excellents. "Les films les plus simples sont souvent les plus forts, mais ils sont aussi ceux qui vieillissent le mieux", rappelle Gustave Shaïmi.

• Pulp Fiction, film américain de Quentin Tarentino, palme 1994, est un thriller déjanté et hilarant, impossible à raconter "vu que le véritable sujet de Pulp Fiction, voire sa seule raison d'être, c'est la narration. Le plaisir de la narration", explique Laurent Bachet. Avec des acteurs formidables : John Travolta, Eric Stoltz, Maria de Medeiros, Uma Thurman, Bruce Willis...

• Rosetta, film belge des frères Dardenne, palme 1999, est un drame racontant l'histoire d'une jeune fille se battant pour garder son travail et sortir de la misère. Émilie Dequenne est formidable.

• Le Ruban blanc, film autrichien de Michael Haneke, palme 2009, est un drame historique se déroulant en 1913 dans un village allemand. Un câble, tendu entre deux arbres, fait chuter le docteur, puis le fils du riche propriétaire est roué de coups, puis... "Réflexion terrifiée sur des êtres frustrés, inexorablement poussés à la haine de l'autre", analyse Pierre Murat.

Et puis il y a les films qui sont un peu moins bons ou qui ont un peu vieilli mais tout de même... Brève Rencontre de David Lean en 1946, Le Salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot en 1953, Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy en 1964, Blow-up film de Michelangelo Antonioni en 1967, Papa est en voyage d'affaires d'Emir Kusturica en 1983, Barton Fink des frères Coen en 1991, Danser in the dark de Lars von Trier en 2000, La Chambre du fils de Nanni Moretti en 2001, Le Pianiste de Roman Polanski en 2002, Le vent se lève de Ken Loach en 2006...