• Femmes et informatique

    « Femmes et informatique » est une revue de presse partageant articles et annonces de colloques sur ce thème. Elle est soutenue par la SIF – Société informatique de France.

    Femmes et informatique

    Quand on sait qu'il y a de moins en moins de femmes dans le domaine de l'informatique, cette revue de presse parait indispensable.

    Voici quelques articles auxquels « Femmes et informatique » renvoie - et d'autres qui complètent les informations données :

    « Femmes dans la tech : l’évangélisation ne suffit plus », interview de Joanna Kirk, co-directrice de StartHer. Elle explique qu’il est essentiel que le nombre de femmes augmente dans le domaine de la tech :
    1) parce que si « la proportion d’étudiantes dans les filières tech est inférieure à 15 %, et ne cesse de diminuer », « ce sont les diplômés de cette spécialisation qui bénéficient, aujourd’hui, des meilleures conditions d’insertion sur le marché du travail avec 79 % de diplômés en tech en CDI (contre une moyenne de 50 % pour tous les diplômés en France) » (chiffres extraits de l’appel de 2016 : « Il est urgent de renforcer la présence des femmes dans la tech » paru dans les Échos et rédigé par Catherine Ladousse – cofondatrice et présidente du Cercle InterElles –, Thaima Samman – cofondatrice et présidente d’European Network for Women in Leadership – et Claudine Schmuck – présidente du groupe Informatique et Télécom Sciences po Alumni) ;

    When Women Stopped Coding - 2014

    2) parce que « le code, et la tech de façon plus globale, font partie des choses incontournables dans l’évolution du monde actuel. Quoi qu’on fasse, si les femmes ne prennent pas ce tournant, elles seront plus vulnérables face aux bouleversements socio-économiques dont les effets sont déjà là ».
    Elle rappelle que le levier le plus efficace est « d’investir dans l’éducation tech dans les écoles, et ce dès le plus jeune âge. [En effet, « en première et en terminale S au lycée, tout est déjà joué, affirme Joël Courtois, directeur d’Epita (Ecole pour l’informatique et les techniques avancées). Les stéréotypes sont acquis et c’est terminé, le vivier s’est considérablement restreint… »] En Asie (en Chine et au Japon notamment) où l’enseignement du code a été généralisé dans les écoles, l’écart de représentation entre les sexes dans la tech est largement inférieur à celui qu’on constate aux États-Unis et en Europe » explique Joanna Kirk.

    « Pour les filles, il n’y a pas de vision positive de l’informatique », entretien avec la professeure d’informatique et chercheuse Florence Sèdes. Elle explique que « la vision de l’informatique s’est dégradée. Aujourd’hui, on l’associe à des câbles qui ne marchent pas, des plug-in, des navigateurs… Alors qu’en son cœur, l’informatique, c’est du raisonnement, de la logique, de la rigueur – des choses très belles, très intellectuelles. Mais c’est éclipsé par les contraintes matérielles » et que depuis les années 1980, la présence des femmes dans le domaine « a décliné massivement ».

    « Comment l’informatique est devenue un monde d’hommes » retrace brièvement l’histoire de l’éviction des femmes de la programmation : si elles étaient nombreuses entre les années 1940 et le début des années 60 – ne pas oublier que c’est une femme, Grace Murray Hopper, qui a développé en 1951 « A-0 System », le premier compilateur –, depuis leur nombre ne cesse de baisser. L'article « Femmes, genre et informatique : une question historique » de Valérie Schafer - chargée de recherche à l’Institut des sciences de la communication, CNRS, Paris-Sorbonne, UPMC - développe davantage les raisons pour lesquelles la place qu’ont pu occuper les femmes au début de l’informatique est méconnue et pourquoi elles sont sous-représentée.

    Femmes et informatique

    L’expert en informatique et ex-délégué général de l’association Pasc@line, Christian Colmant, énumère les principales raisons de la « désaffection des femmes pour le numérique » :
    — un certain nombre de stéréotypes qui orientent les filles vers des emplois « plus féminins » ;
    — l’image des filières de formation scientifiques et techniques qui sont pour les garçons ;
    — l’informatique qui est un métier de « geek » où il n’y a pas de place pour sa propre vie…
    — le numérique est compliqué, c’est « un métier masculin où il n’y a pas de femme connue » (et pourtant Heddy Lamarr, star de cinéma des années 1930 aux années 1950, a inventé « un système secret de communication applicable aux torpilles radioguidées qui permettait au système émetteur-récepteur de la torpille de changer de fréquence, rendant pratiquement impossible la détection de l’attaque sous-marine par l’ennemi. Il s’agit d’un principe de transmission (étalement de spectre par saut de fréquence) toujours utilisé pour le positionnement par satellites (GPS…), les liaisons cryptées militaires, les communications des navettes spatiales avec le sol, la téléphonie mobile ou dans la technique Wifi »).

    Isabelle Collet est une  informaticienne, enseignante-chercheuse à l'université de Genève qui s'intéresse aux questions de genre et aux discriminations des femmes dans l'informatique et dans les sciences. Dans « Effet de genre : le paradoxe des études d’informatique », elle propose une analyse plus détaillée de ce désintérêt des femmes pour les métiers liés à l'informatique : « Le choix d’une filière d’études en Sciences et technologie de l’information et de la communication (STIC) ne s’effectue pas sur la réalité mal connue des métiers de ce secteur mais sur les représentations sociales à la disposition du grand public, nourries par l’imaginaire de l’informatique. Avant l’arrivée du micro-ordinateur, les métiers de l’informatique étaient des métiers scientifiques du tertiaire plutôt attractifs pour les jeunes femmes techniciennes ou ingénieurs. Avec l’arrivée du micro-ordinateur, la représentation de l’informaticien, telle qu’on la voit dans la science-fiction, s’est figée sur un homme pris dans une relation exclusive avec l’ordinateur, représentation très éloignée de la réalité des métiers de l’informatique et qui, loin de disparaître avec la multiplication des usages, se renforce. »

    Femmes et informatique

    « Pourquoi Wikipédia est-il devenu macho ? » rappelle que moins de 20 % des articles de l’encyclopédie en ligne sont consacrés aux femmes, qui ne forment aussi qu’une infime minorité des contributeurs. Pour inverser la tendance, plusieurs initiatives incitent les auteurs à explorer des thématiques négligées lors de marathons d’écriture et d’édition : biographies de femmes importantes, mais aussi de sujets liés aux femmes comme les violences faites aux femmes ou leur santé, de même que certaines questions connexes comme le genre, les sexualités, la culture « queer », etc. Il s’agit également de lutter contre le fait qu’« un article sur une femme met souvent l’accent sur le fait qu’elle est une femme : il mentionne son mari et l’emploi de celui-ci, ses enfants, comment elle a été freinée par la compétition dans son domaine, en quoi elle sert de modèle aux autres femmes… ».

    Ce sexisme ordinaire se retrouve dans les métiers de l'informatique comme l'analyse un article du Monde : « Les femmes de plus en plus minoritaires dans le secteur de l’informatique » : « si le sexisme n’est pas plus répandu que dans d’autres secteurs, le déséquilibre entre le nombre d’hommes et de femmes dans l’informatique y accentue ses effets, estime la chercheuse Isabelle Collet. Le mémoire « Formation en informatique ; ouverture sociale et sexisme. Le cas Epitech » de Clémentine Pirlot Bettencourt, soutenu en 2013, développe longuement ces aspects. « Je n’ai pas tout de suite été sensibilisée à la problématique du déséquilibre hommes-femmes dans ma filière. Dans mon lycée, il y avait déjà une minorité de filles en première et en terminale S », raconte Gabriella, 27 ans, docteure en informatique. C’est à l’université que cette spécialiste du machine learning prend conscience de sa « singularité » : « Quand j’ai obtenu une mention à ma licence d’informatique, j’ai entendu mes camarades masculins me dire : “mais, en fait, t’es forte.” C’était aussi une prise de conscience pour moi. Quand on est une femme dans ce monde, on finit par surcompenser pour montrer qu’on est légitime. On a totalement intégré le fait que, si les femmes investissent le monde scientifique, elles doivent être meilleures que les hommes. D’ailleurs, dans mon laboratoire d’intelligence artificielle, nous sommes trois à avoir obtenu une bourse d’excellence. Trois filles ».

    Grace Hopper au clavier de l'UNIVAC, vers 1960.

    « Complotisme et démocratieRéchauffement climatique : ultime chance »

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