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Loyauté des plateformes, vraiment ?
Si les plateformes numériques telles que Facebook, Twitter, et autres connaissent quasi tout de nos vies - ce que nous consommons, où nous mangeons, où nous partons en vacances, ce que nous aimons, etc. - nous ne savons pas comment elles prennent leurs décisions, comment sont créés leurs algorithmes, comment elles partagent leurs données...
Que peuvent faire les citoyens contre ces géants qui non content de gagner de l'argent avec nos données, les utilisent de façon opaque ?
Surveillance et utilisation de nos données
Un article de 2016, "La surveillance d’Internet : qui est à l’œuvre ?" explique que "la circulation numérique de données est systématiquement surveillée et répertoriée. Les visualisations donnent à voir les itinéraires empruntés par les paquets de données lors de l’utilisation de services populaires comme le moteur de recherches Google ou le réseau social Facebook. Elles montrent également les entreprises qui travaillent main dans la main, se jouant des frontières nationales".
Pour autant, toujours en 2016, à la question "Allons-nous vers une sorte de dictature numérique ?", Adrienne Charmet-Alix, alors porte-parole de La Quadrature du Net, dans un entretien sur Arte répondait : "Non, il est évident qu'il ne faut pas tout permettre simplement parce que techniquement c'est possible. C'est comme si on disait qu'il fallait, qu'il avait toujours fallu adopter tous les changements technologiques. Internet est un outil, un moyen, un vecteur, quelque chose qu'on a à apprendre à utiliser et ensuite, à partir de ça, avoir une réflexion politique, économique, pourquoi pas philosophique et scientifique autour de cet outil pour savoir vers où on veut l'emmener".
Consultation publique sur la "confiance envers les plateformes"
Dans cette optique, la consultation publique sur la "confiance envers les plateformes" lancée par le Conseil national du numérique (CNNum) le 10 octobre 2017 et qui se terminera le 17 novembre, est une opportunité pour, peut-être, obliger les plateformes à plus de "loyauté" pour reprendre le terme du CNNum, qui conseille le gouvernement français en matière de politique numérique. Le CNNum propose trois démarches :
- comprendre avec des dossiers bien faits sur des sujets variés : modération des contenus, politiques de classement des contenus ; pouvoirs publics, viabilité des relations entre acteurs économiques, design & autres actions sur les comportements, données & vie privée ;
- débattre "sur les méthodes et les scénarios institutionnels à inventer pour répondre au besoin d'une régulation nouvelle génération" ;
- agir "en proposant des manières concrètes de répondre aux deux défis soulevés par l'émergence des plateformes" : comment "mieux détecter les discriminations liées aux algorithmes des plateformes" et "quels moyens de se faire entendre, en tant qu'usagers ou citoyen, en cas de mauvaises pratiques".
Création d'outils libres pour remplacer les plateformes intrusives
Framasoft, "un réseau dédié à la promotion du « libre » en général et du logiciel libre en particulier", va plus loin encore : après avoir proposé pendant trois ans des services libres existants pour remplacer ceux des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et consorts, Framasoft demande aux informaticiens attachés au libre et sensibles au fait que "les services en ligne des géants du Web ne font pas que siphonner nos vies numériques : par leur conception même, ils façonnent nos usages, nos actions et notre pensée", de créer et de proposer des outils de substitution qui "facilit[eront] l’exposition commune de nos idées, [de] nos opinions, [de] nos rencontres… et même de nos vidéos". Ce projet s'intitule Contributopia.
L'objectif de cette utopie est de permettre à ceux qui n'ont pas de connaissances techniques de facilement "trouver le service web libre et éthique qui correspond à [leurs] usages". D'où trois étapes :
- 2017-2018 : créer et proposer des outils ;
- 2018-2019 : transmettre les savoirs-faire en particulier pour héberger sur des clouds sécurisés et éthiques nos données ;
- 2019-2020 : inspirer les possibles entre autres en permettant de coder aisément, en créant un MOOC expliquant comment devenir un hébergeur des données d'autrui, etc.
Il s'agit donc de "s’inspire[r] des pratiques de nombreuses communautés (dont celles du logiciel libre), pour aider chacun·e à choisir les outils qui lui correspondent, atteindre l’autonomie numérique, collaborer différemment et partager les connaissances". Une façon de lutter contre la "vision [...] des géants du Web qui réduit notre intimité à de la marchandise pour les annonceurs publicitaires [et] qui nous réduit au rôle de consommatrices et de consommateurs qui abandonnent leurs libertés pour plus de confort".
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Tags : plateformes, donnees, GAFAM, libre, numerique, surveillance, framasoft, Contributopia, confiance à l'ère des plateformes numériques
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