-
Cinéma d'animation : quelques longs-métrages à voir
Établir et compulser des listes est une activité cinéphilique par excellence. La listes des meilleurs films de tous les temps, celles des meilleurs westerns, celles des plus grands nanars de l'histoire du cinéma, ... Jean-Luc Lacuve, créateur du site ciné-club de Caen, écrit d'ailleurs "Il n'y a pas de cinéphilie sans classement, hiérarchies et chapelles". Pour Louis Skorecki c'est parce qu'"au cinéma, il faut faire la part des choses. C’est-à-dire retenir, fixer, désenclaver, privilégier certains films. Au détriment des autres. Pour marquer leur importance. Pour qu’on sache nous-mêmes, ce qui est plus difficile qu’il n’y parait, qui on est, et qui on aime." Et il fait remarquer que les listes sont apparues à une époque où la possibilité de voir un film était rare et difficile : on ne pouvait le faire que dans des cinémas, on était donc dépendant de la programmation qui elle-même dépendait de la disponibilité des films, des droits, mais aussi des goûts des programmateurs. De ce fait on peut comprendre la manie des listes de films : "un petit jeu où le savoir et l’érudition montrent leur nez, bien sûr, mais aussi un moyen sûr de fixer — sur le papier ou ailleurs — un peu de cette fabuleuse mémoire qui résiste au temps et aux modes, un moyen de ne pas oublier : confronter ; ces images — qui le plus souvent n’existent que dans et par le souvenir — avec celles que nous voyons aujourd’hui, et surtout : ne pas s’en laisser conter ; refuser la nostalgie (qui déforme bien) autant que le goût du jour (qui informe mal : naissance quotidienne d’un nouveau cinéaste, d’un nouvel auteur)". Évidemment depuis la situation a complètement changé et il est facile de voir quand on veut le film qu'on veut - même s'il reste des films difficiles à trouver. Néanmoins, la passion des listes est toujours d'actualité pour les cinéphiles...
Alors voici quelques-uns des meilleurs films d'animation et deux liens vers des sites consacrés à ce cinéma.
Un site érudit et intelligent propose une histoire du cinéma d'animation de 1892 à nos jours avec des extraits, voire des courts-métrages dans leur intégralité, aussi divers que Fantasmagorie d’Émile Cohl (premier dessin animé : 1908), que Fritz the Cat, Ralph Bakshi (premier long métrage interdit aux moins de 18 ans : 1972), que The Street, Caroline Leaf (technique de la peinture animée : 1976) ou que le superbe Tombeau des lucioles d’Isao Takahata (1988).
Le site films animation recense plus de 600 films d'animation, mais plutôt les grands succès commerciaux – ainsi dans les années 70, il cite Les Aristochats mais pas Fritz the Cat… Néanmoins il est pratique pour trouver des synopsis, des extraits et des informations diverses sur des films, parfois aussi essentiels et beaux tels Le Roi et l'oiseau de Paul Grimault (1980), Le Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki (2001), ou Le conte de la princesse Kaguya de Isao Takahata (2013).
Le blog cinéscribe propose un article sur le livre de Gersende Bollut, Pourquoi est-ce un chef d’œuvre ? 50 longs-métrages d’animation expliqués. Il revient donc sur quelques films d'animation jugés essentiels.
Quelques films à voir
Évidemment, c'est une gageure impossible que de vouloir citer tous les longs-métrages d'animation qui sont bien. Comment classer des films aussi différents et intéressants que :
- Le Roman de Renard de Ladislas Starewitch et Irene Starewitch (1930) : les marionnettes ont des mimiques et des mouvements humains d'un réalisme drôle et poétique.
- Fantasia de James Algar, Samuel Armstrong, Ford Beebe (1940) : un magnifique film sans dialogue ou presque qui illustre des thèmes de la musique classique.
- les cartoons de Tex Avery, par exemple Blitz Wolf (1943) qui parodie l'histoire des trois petits cochons pour ridiculiser le loup Adolf... À hurler de rire, comme toujours avec Tex Avery !
- Astérix et Cléopâtre de René Goscinny, Lee Payant et Albert Uderzo (1968) - si l'animation peut sembler avoir vieilli, le scénario, qui respecte l'album, est excellent.
- La Planète sauvage de René Laloux (1973), à l'onirisme envoûtant.
- Qui veut la peau de Roger Rabbit ? de Robert Zemeckis (1988) : un hommage hilarant aux cartoons hollywoodiens des années 40 qui mêle brillamment des acteurs réels et des personnages de cartoon, tout comme dans la comédie musicale Mary Poppins de Robert Stevenson réalisé en 1964 - déjà par les studios Disney.
- L'Étrange Noël de Monsieur Jack de Henry Selick (1993) est un conte macabre à l'esthétique unique, issue de l’imaginaire de Tim Burton qui a pris vie grâce à Henry Selick et à une BO magique.
- Le Roi lion de Roger Allers et Rob Minkoff (1994) est "l’un des derniers grands classiques de l’animation traditionnelle" écrit Nicolas Maille dans une bonne critique.
- Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki (1997), fresque pleine de bruit et de fureur, mêlant l'histoire du Japon médiéval à la féerie des légendes ancestrales.
- Kirikou et la sorcière de Michel Ocelot (1998), un conte humaniste, simple et beau : le Douanier Rousseau n'est pas loin.
- South Park, le film (plus long, plus grand et pas coupé) de Trey Parker (1999) ou comment dénoncer l'hypocrisie de l'État américain en critiquant les gros mots... qu'on entend tout au long de ce film efficace.
- Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet (2003) : drôle, original, superbement animé avec de l'action, de l'humour et de la poésie.
- U de Serge Elissalde (2005) : les dessins et la superposition des planches créent une esthétique à part au trait moderne.
- Wallace et Gromit : le Mystère du lapin-garou de Nick Park et Steve Box (2005) : laboratoire à gags et à inventions en tous genres, ce monde intemporel dans lequel le non-sens anglais vous fait vous tordre de rire va à cent à l'heure.
- Persepolis de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi (2007) : instructif, amusant et au graphisme merveilleux. En adaptant sa bande dessinée, Marjane Satrapi nous fait passer de lieu en lieu et du rire aux larmes.
- Valse avec Bachir de Ari Folman (2008), documentaire d'animation autobiographique, ce film sur la culpabilité est un véritable uppercut qu'atténue à peine le choix du dessin qui est celui de l'imaginaire, de la fiction, du spectacle.
- Brendan et le Secret de Kells de Tomm Moore et Nora Twomey (2009) : surprenante enluminure animée, tour à tour drôle et émouvante.
- Mary et Max de Adam Elliot (2009) : somptueux, avec une photographie d’une rare intelligence, une mise en scène remarquable et un sens de la caricature tout à fait pertinent.
- Fantastic Mr. Fox de Wes Anderson (2009) : comment faire rire en montrant l'insatisfaction latente de la vie d'adulte ? En rendant hommage sur un rythme trépidant à de nombreux films par l'intermédiaire d'un renard aux péripéties extravagantes.
- Ernest et Célestine de Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner (2012) : drôle et poétique fable discrètement anarchiste, aux dessins ciselés et aux tons d'aquarelle.
- ...
Tags : animation, cinéma, cinéphile, liste
-
Commentaires
1HoldLundi 13 Novembre 2023 à 04:39comment faire rire en montrant l'insatisfactionRépondre
Ajouter un commentaire