• Emmanuel Lepage : voyager par la gâce des aquarelles

    Passer de la chaleur moite et étouffante de la forêt amazonienne au terrible froid antarctique sans quitter son canapé, c'est possible grâce aux dessins élégants et réalistes d'Emmanuel Lepage qui navigue entre histoires inventées et reportages.

    Voyage aux Îles de la désolation

     

    En 2004, Lepage a publié un superbe récit se déroulant dans le Nicaragua révolutionnaire de la deuxième moitié des années 70 : Muchacho.

    Muchacho, tome 1

    En 2008, dans Un Printemps à Tchernobyl, il s'interroge pour savoir comment rendre perceptible les ravages qu'a causé l'explosion nucléaire de Tchernobyl alors que la nature est d'une beauté à couper le souffle : "On passe son temps à chercher quelque chose qui puisse nous convaincre que l’endroit est dangereux, qu’il s’y est déroulé une tragédie. Or, rien ne se voit. Dans la nature, rien ne nous dit qu’il y a eu un accident nucléaire. On le sait, mais on ne le perçoit pas".

    Un Printemps à Tchernobyl

    En 2014, après un Voyage aux Îles de la Désolation - raconté en 2011 -, il repart avec une équipe de scientifiques, mais cette fois-ci encore plus au Sud : en Antarctique. Avec son frère, le photographe François Lepage, il décrit son aventure dans ce désert glacé dans La Lune est blanche, entre carnet de voyage et roman graphique alternant photographies et dessins des deux Lepage.

    Voyage aux Îles de la désolation

    La Lune est blanche

    À chaque fois, l'humain et la nature sont au centre des dessins d'Emmanuel Lepage qui a choisi de dessiner directement à l'aquarelle, sans mise en encre du trait.

    Dans un long entretien avec Michel Bonvalet, il explique entre autres comment il procède :

    "J’essaie de traquer l’atmosphère plutôt que de savoir si telle ou telle plante existe vraiment en Amérique centrale ou non. Ce que j’essaye c’est de plier ce décor pour en faire un protagoniste qui participe en fait de l’état physique et psychologique des personnages. Je vais donc m’entourer d’images, non pas pour en être prisonnier mais pour m’en servir comme d’un dictionnaire de formes dans lequel je vais piocher.

    C’est un peu prétentieux ce que je vais dire là, mais la forêt comme la montagne n’est pas très difficile à dessiner dans le sens où la forêt, c’est des lignes et des masses, les masses ce sont les arbres feuillus et les lignes les troncs et les lianes.

    Donc je pars de composition, je dirais abstraite, pour essayer de faire naître un sentiment. J’ai toujours été intéressé par la peinture abstraite. (...)

    La couleur directe, c’est venu avec La terre sans mal (1999). J’ai eu pour cet album quelques difficultés à me défaire de l’encrage au noir et mes personnages restent encore soulignés, seuls les décors en second plan échappent à cette règle propre à la BD dont il m’a été difficile de faire totalement abstraction.

    Aujourd’hui je vais aussi vite pour réaliser une planche (entre trois et cinq jours) en couleur directe, qu’auparavant au noir, auquel il fallait ajouter la mise en couleur."

    Muchacho

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