• Guillaume Sorel : un auteur fantastique

    Dessins superbes, atmosphères inquiétantes, jeux sur les lumières et l'éclairage, découpages étonnants : l’œuvre de Sorel est vraiment singulière.

    Guillaume Sorel : un auteur fantastique

    Guillaume Sorel apprécie la littérature fantastique, sa capacité à dire l'indicible. On retrouve cette dimension dans tous ses récits, souvent très sombres, même si depuis son album Les derniers jours de Stefan Sweig (2012) la clarté est plus présente.

    Sorel explique : "J’aime le dessin et la coloration mais j’aime encore plus la mise en scène ! À partir de la matière qui est le scénario, je fais mon découpage, je réalise les cases et je montre comment je vais organiser l’espace et les personnages. Je montre comment les acteurs de ma BD vont jouer. C’est vraiment comme une mise en scène de théâtre !"

    Quelques exemples de son travail de découpage quasi cinématographique et de mise en couleur au fil des années : tout d'abord, ses premières BD aux dessins "assez plombés, fermés et torturés" comme le dit Sorel lui-même.

    L'Île des morts : Arnold Böcklin, version de 1883 ; planche du tome 1 de Sorel de Sorel

    Le scénario est complexe, logique quand on sait qu'elle s'inspire du mythe de Cthulhu inventé par H. P. Lovecraft, même si cet auteur n'est pas le préféré de Sorel contrairement à ce que beaucoup ont cru à cause de cette série. Il explique ainsi en 2014 : "Lovecraft n’est pas un auteur que j’apprécie plus que les autres. J’aime Lovecraft, mais j’aime plus particulièrement certaines nouvelles de sa plume. Dans L’Île des morts, le projet était de citer l’auteur pour une nouvelle que j’apprécie plus particulièrement, « Le Modèle de Pickman », où on est en-dehors du côté science-fictionnel de Lovecraft. C’est Thomas Mosdi, le scénariste, et l’éditeur qui se frottait les mains, qui ont tenu à appuyer l’aspect lovecraftien, contre mon gré."

    L'Île des morts, tome 2

    • Dans le même esprit, on trouve Le Fils du grimacier (1995) ou même Mens Magna (1996 - 1998). Mais attention à cette dernière série : suite à des dissensions entre Froideval et Sorel, elle s'arrête au tome 3 alors que l'histoire n'est pas terminée...

    Le Fils du Grimacier ; Mens Magna

    •  Mother (2000) est aussi de la même veine, même s'il s'agit d'une BD plus personnelle. Dans la planche ci-dessous, on retrouve un point fort des BD de Sorel : "Mon travail, depuis toujours, est de faire en sorte que mes planches puissent être muettes, tout en leur faisant raconter la même chose que ce qui est présent dès l’origine dans le scénario. Le texte, à ce moment-là, devient une chose en plus, un élément qui enrichit et qui permet parfois d’emprunter d’autres pistes. Dans mes cadrages, je m’efforce de raconter graphiquement toute une histoire ! Page par page, il s’agit, grâce au dessin seul, de saisir exactement et précisément de quoi il en retourne."

     

    Mother

    Le grand changement arrive en 2012 avec Les Derniers jours de Stefan Sweig. Sorel explique les raisons de ce tournant : "Cela a été un choc pour moi graphiquement. [...] Pour moi le principal souci sur cet album aura été le changement de papier. Je me retrouve à dessiner un récit historique qui se passe essentiellement au Brésil. Il était évident que je devais changer quelque chose à ma façon de travailler, par rapport au thème et à la luminosité que j’allais devoir créer. J’ai donc changé de papier et ça a été une révélation, ce papier magnifique qui rend mes couleurs très lumineuses. À ça s’ajoute aussi probablement une plus grande maîtrise de mon trait, de mes cadrages. Du coup, je suis, je pense, plus sobre, je calcule mieux mon coup avant de partir."

    Les Derniers jours de Stefan Sweig

    Sorel lors du Salon du Livre de Paris, explique son travail d'adaptation du livre de Laurent Seksik : Les derniers jours de Stefan Zweig.

    Et en 2014, Sorel publie son œuvre maîtresse : Le Horla. Comme dans ses livres précédents, certains de ses dessins s'inspirent de tableaux puisque, comme l'indique Sorel  : "Je me gave d’images, à longueur de temps, de livres ou d’expositions ; je les avale et les digère, et elles finissent donc par ressortir d’une façon ou d’une autre dans mes albums ! Je me laisse surtout submerger par les images, en fait !"

    Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich (1818) et la couverture du Horla

     Et comme toujours chez Sorel, ce qui prime, c'est de "réussir à recréer des sensations pour le lecteur".

    Le Horla

     

    « Internet : un rêve perverti ?Louise Bourgeois : désirs et fantasmes infantiles métamorphosés »

    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :