• Louise Bourgeois : désirs et fantasmes infantiles métamorphosés

    Louise Bourgeois déclarait "si vous ne pouvez vous résoudre à abandonner le passé, alors vous devez le recréer. C'est ce que j'ai toujours fait."

    Spider (1997)

    Durant une carrière de près de soixante-dix ans, Louise Bourgeois a créé une œuvre novatrice, protéiforme et dure - "il faut être agressif pour être sculpteur" disait-elle. Elle est surtout connue pour ses sculptures, même si elle a aussi peint, gravé et réalisé des performances. Ses sculptures, qu'elles soient intimes ou monumentales, en bois, en bronze, en latex, en marbre, en verre ou en tissu, sont très intimes et font souvent référence à une enfance marquée par un père infidèle et une mère affectueuse mais complice de la situation. Dans le même temps elles sont universelles. Elles ont pour thèmes le corps, les relations entre les êtres, l'amour, l'érotisme, la souffrance, la solitude, la mort, le combat entre les sexes ou encore la frustration. Toutes ont pour but d'exprimer des émotions fortes, dérangeantes : "Il fallait que mon anxiété s’exerce sur des formes que je pouvais changer, détruire et reconstruire".

    Maman (1999), jardin des Tuileries

    Louise Bourgeois expliquait sa fascination pour les araignées : "L'araignée, pourquoi l'araignée ? parce que ma meilleure amie était ma mère, et qu'elle était aussi intelligente, patiente, propre et utile, raisonnable et indispensable qu'une araignée. Elle pouvait se défendre elle-même."

    Son œuvre tourne autour de son enfance et donc de ses parents : "Tout mon travail [...], tous mes sujets, trouvent leur source dans mon enfance. Mon enfance n’a jamais perdu sa magie, elle n’a jamais perdu son mystère, ni son drame". Ainsi La Destruction du père (1974) symbolise la carcasse du père dévoré par la mère et les enfants durant un repas de famille.

    La destuction du père (1974)

    Precious liquids, une installation de 1992 est un réservoir d'eau d'immeuble new-yorkais avec deux portes, cerclé d'un bandeau métallique comportant une inscription "Art is a guaranty of sanity". À l'intérieur : un lit, des récipients en verre, des mâts métalliques, un vêtement de fillette et un coussin brodés recouvert d'un pardessus d'homme, des sphères en bois et en caoutchouc, une lampe d'albâtre lumineuse.

    Precious Liquids (1992)

    Les liquides précieux sont, pour Louise Bourgeois, les humeurs émises par le corps : le sang, l’urine, le lait, le sperme, les larmes, tout ce qui s’écoule sous le coup d’un choc émotionnel, l’amour, la peur, le plaisir ou la souffrance. Le grand manteau suspendu de façon phallique au-dessus des deux boules symbolise le père, la figure d’autorité répressive. "La petite fille trouvant refuge dans le grand manteau représente l’enfant qui a été soumise à de fortes émotions et s’est montrée capable, dans son processus de maturation, de ressentir de la pitié pour le Grand Extravagant tape-à-l’œil", déclare Louise Bourgeois.

    Le phallus a tenu un rôle important dans ses sculptures. Louise Bourgeois l'a souvent représenté de façon ironique, ainsi dans "Fillette" (1968)...

    Fillette (1968)

    Les œuvres textiles répondent au besoin autoproclamé de Louise Bourgeois de "réparation", de "restauration". Mais si l'enlacement peut être symbole de "paix", il est toujours contrebalancé par un élément désagréable, tel une cage ou un miroir qui évoque le voyeurisme et renvoie le spectateur à sa position...

    Cell XXVI (2003)

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