• Mulholland drive de David Lynch, 2001

    Mulholland drive propose des "images subtiles et raffinées qui supposent une mémoire du cinéma déjà assimilée et digérée, invisible en quelque sorte, créatrice de formes fantomatiques, complexes et composites. De ce point de vue, le film de Lynch est un objet d`autant plus passionnant que cette assimilation des images en est le sujet même. (...) À ce titre, l’éblouissante séquence du play-back au théatre ou celle, non moins impressionante, dans laquelle Betty réinterprète magistralement une scène banale lors de sont bout d'essai pour les studios, fonctionnement comme de formidables métaphores du film lui-meme. Vivre, parler, chanter en play-back, c'est-à-dire répéter des paroles déjà écrites en les interprétant différemment, en changeant leur direction, voilà toute l`histoire des personnages, et du cinéma d'aujourd'hui" analyse Thierry Jousse dans les Cahiers du cinéma.

    Mulholland drive de David Lynch, 2001

    David Lynch est un réalisateur hors normes et son film le plus envoûtant est sans doute Mulholland drive qui conte pourtant une histoire simple (si, si ! il suffit de tenir compte du pré-générique, en particulier du drap orangé : Diane rêve de l'actrice célèbre qu'elle aurait pu devenir à Hollywood si les choses avaient tourné autrement. Il raconte ainsi la vie d'une actrice de second rang qui a fait assassiner sa rivale, rivale qui était aussi son amante. Un bon documentaire de Philippe Rouyer donne la plupart des clés : Retour à Mulholland drive.) 

     

    Le pouvoir hypnotique de ce film d'un lyrisme inouï provient d'une part de la narration qui est éclatée et qui devient donc complexe, intrigante. En effet, Lynch nous fait suivre les derniers instants de Diane : le rêve succède à l’endormissement, puis le réveil interrompt le rêve et permet au spectateur de la suivre mentalement après son réveil. D'autre part, comme l'expliquait Philippe Royer dans La Croix, le réalisateur donne à voir "des images sophistiquées, véritables tableaux minutieusement composés à partir du visage des acteurs, de leurs mouvements, de la lumière, des objets dans le cadre". Les images, la lumière, les cadrages sont superbes et magnifient la vie et l'amour ratés de Diane. D'où l'une des plus belles scènes d'amour du cinéma et une vue sur Hollywood de nuit splendide. Enfin, comme souvent chez Lynch, la musique d'Angelo Badalamenti nimbe les scènes d'une ambiance fantastique.

    Mulholland drive, David Lynch, 2001

    Si Mulholland drive est une critique du monde sans pitié d'Hollywood, il fait néanmoins référence à de nombreux films : Gilda (1946) de Charles Vidor, Boulevard du crépuscule (1950) de Billy Wilder, En quatrième vitesse (1955) de Robert Aldrich, Vertigo (Sueurs froides) (1958) d'Alfred Hitchcock, Psychose (1960) toujours d’Alfred Hitchcock, Le Mépris (1963) de Jean-Luc Godard, Persona (1966) d'Ingmar Bergman, Il était une fois en Amérique (1984) de Sergio Leone, Pulp Fiction (1994) de Quentin Tarantino. C'est normal, car ce film, explique Jean-Luc Lacuve, est le symbole d'un "art réconciliateur, capable de faire apprécier la violence de la mort sous la douceur du rêve". 

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